O.U.A.

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O.U.A. (Organisation de l’unité africaine)

Les fondements de l’unité continentale, dont les premiers jalons avaient été posés en 1961 par les groupes de Casablanca, de Brazzaville et de Monrovia, ont été réaffirmés et consacrés par la réunion d’Addis-Abeba en mai 1963. Il appartenait en effet à l’empereur Hailé Sélassié, chef de l’État africain dont l’indépendance était la plus ancienne, de battre le rappel pour «réveiller le géant africain». Cette conférence des chefs d’État africains, dont l’idée avait été lancée par le président de la république de Guinée et à laquelle trente et un pays sur trente-deux alors indépendants (l’Afrique du Sud étant exclue pour racisme) étaient représentés, donna naissance à l’Organisation de l’unité africaine (O.U.A.). Celle-ci compte en 1991 tous les États d’Afrique, sauf l’Afrique du Sud et le Maroc (qui quitte l’Organisation lorsqu’en 1984 la République arabe sahraouie est admise comme membre à part entière). Trois objectifs sont affirmés par la Charte de l’O.U.A.: «L’égalité souveraine des États membres, la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et du droit inaliénable de chacun d’eux à une existence indépendante.» Ce dernier principe consacre l’intangibilité des frontières coloniales comme garantie de l’équilibre africain; il introduit ainsi la règle de l’uti posseditis dans le droit international africain, qui se place par là à contre-courant de l’évolution actuelle du droit international. La Charte de l’O.U.A. se réfère à celle de l’O.N.U. et à la Déclaration universelle des droits de l’homme, et se donne pour but lointain d’établir l’unité africaine; l’élimination du colonialisme, l’harmonisation des politiques des États (en matière de politique, de diplomatie, d’économie, de transport, de communications, d’éducation et de culture; de santé, d’hygiène, de technique et de défense), la condamnation de l’assassinat politique et des activités subversives, la détermination de mener une politique de non-alignement doivent permettre de réaliser l’unité du continent sans jamais porter la moindre atteinte à l’indépendance des États.

On retrouve dans les structures institutionnelles de l’O.U.A. la conférence des chefs d’État et de gouvernement qui existe dans toutes les organisations africaines; cette conférence se réunit au moins une fois l’an; elle est l’organe suprême, seul habilité à statuer sur les problèmes d’intérêt commun, à créer des institutions spécialisées ou à réviser les structures. Chaque État dispose d’une voix; les décisions sont prises à la majorité des deux tiers des membres pour les problèmes importants, à la majorité simple pour les problèmes de procédure. Les décisions adoptées n’ont qu’une autorité morale, et aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect.

Un conseil des ministres des Affaires étrangères prépare les travaux de la conférence des chefs d’État, et se réunit deux fois par an.

Cinq commissions spécialisées traitent respectivement des questions économiques et sociales; de l’éducation et de la culture; de la santé, de l’hygiène et de la nutrition; de la défense; des questions scientifiques. D’autre part, une commission particulière permet le règlement des différends entre États par des voies pacifiques: c’est la commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage, dont la juridiction est facultative et qui n’a joué aucun rôle jusqu’à présent.

Un secrétaire général coiffe l’administration de l’O.U.A.. Le siège de l’Organisation est à Addis-Abeba. Le budget de l’Organisation est largement déficitaire, dans la mesure où la plupart des cotisations restent impayées.

Trois préoccupations ont toujours dominé l’action de l’O.U.A.: lutter contre le colonialisme, réduire les tentatives de subversion et régler les différends de manière pacifique.

En dépit d’un engagement solennel de non-ingérence ratifié en 1965, les membres de l’O.U.A. ont souvent eu beaucoup de difficultés à s’entendre sur la reconnaissance d’un changement de régime dans un pays africain. L’O.U.A. a fait admettre par ses membres le principe du règlement des conflits à son niveau et non sur le plan d’organisations sous-régionales ou de l’O.N.U.

Peu favorable à des groupements subrégionaux dont on pourrait craindre une activité politique «fractionniste», l’O.U.A. s’est préoccupée de coordonner l’action de ses membres au niveau de l’Organisation universelle, et d’orienter l’action de la Commission économique africaine qui dépend de l’O.N.U. et qui est, selon le secrétaire de l’O.U.A., «l’instrument idéal que l’O.U.A. doit utiliser pour parfaire l’indépendance économique et politique de l’Afrique». Celle-ci implique la libération totale du continent; celle-là, que les pays africains ne doivent plus être réduits au rôle de fournisseurs de matières premières et entendent négocier avec les pays développés, notamment dans le cadre de la Communauté européenne élargie. En définitive, l’O.U.A. demeure une organisation principalement politique qui, comme l’O.N.U., tient sa faiblesse de l’absence de moyens pour appliquer ses décisions, mais elle autorise l’espoir que l’Afrique se ménagera sa juste place dans les affaires mondiales.

O.U.A.
Sigle de Organisation de l'unité africaine.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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